Le Montréal caché et excentrique
Cet article a été mis à jour le 16 avril 2024.
Nous savons tous et toutes que Montréal a plus que sa part d’attractions touristiques à succès, que l’on pense aux tours de la basilique Notre-Dame aux étendues verdoyantes du Mont-Royal. Cependant, Montréal regorge aussi de trésors cachés et d’incontournables qui révèlent une tout autre perspective de la vie locale et de son caractère inoubliable. Voici quelques-uns de nos coups de cœur, mais, chut! On garde ça entre nous.
Dans les coulisses de la ville
De nombreuses ruelles de Montréal sont luxuriantes et pleines de vie, pour le plus grand plaisir des locaux et des passants. Les ruelles vertes sont comme un réseau de petits parcs linéaires décorés par les résidents, à l’abri du brouhaha de la ville. Plusieurs portent même des noms affectueux (comme la ruelle des Découvertes ou Le p’tit village Sicard, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve) et toutes ont un petit je ne sais quoi qui leur est propre grâce à la créativité personnelle de ceux et celles qui les habitent. On y organise même des microévénements tout au long de l’été, comme des projections de films, des microconcerts et des fêtes entre voisins. Bref, il n’y a rien de plus authentique et de plus montréalais que ses ruelles!
Témoins du passé montréalais
Ponctuant les couloirs du campus Loyola de l’Université Concordia (et certains artefacts se retrouvent maintenant au MEM-Centre des mémoires montréalaises), le Projet d’enseignes de Montréal sert de maison de retraite à certaines des enseignes les plus appréciées de l’ère du néon à Montréal. Mettant en vedette des entreprises disparues depuis longtemps comme La Maison du Chien Chaud, le supermarché Warshaw et Imperial Boots, le Projet d’enseignes de Montréal commémore une époque brillante, mais révolue du design de la métropole.
Un musée de merveilles naturelles à couper le souffle
De l’extérieur, on dirait une aile de l’école de sorcellerie Poudlard, mais c’est en entrant dans le vestibule du Musée Redpath, avec son squelette de dinosaure grandeur nature, que l’on comprend que l’on a affaire à un lieu véritablement magique. Situé sur le campus de l’Université McGill, le Musée Redpath présente des objets inoubliables tels qu’une lettre manuscrite de Charles Darwin, des spécimens empaillés d’animaux disparus depuis longtemps, dont une vache de mer de Steller, ainsi que des artefacts et des momies égyptiennes hypnotiques apportés à Montréal en 1859. D’ailleurs, les plafonds bleu bébé et les vitrines en bois poli feraient du musée le cadre idéal pour un film de Wes Anderson.
L’exceptionnel métro de Montréal (et son petit clin d’œil parisien)
L’entrée du métro Square Victoria, située à l’orée du quartier des affaires du Vieux-Montréalet en plein cœur de la place nommée en l’honneur de la monarque ayant connu le deuxième plus long règne de l’histoire de l’Angleterre, surprendra ceux et celles qui ont déjà visité la Ville-Lumière. En effet, l’entrée est ornée d’un grillage de style art nouveau conçu par Hector Guimard en 1900, que la ville de Paris a offert à Montréal pour célébrer l’inauguration de son nouveau système de métro (en 1966) et la tenue de l’Expo 67. Techniquement, il ne s’agit que d’un prêt, mais ne vous inquiétez pas : cette pièce empruntée au design parisien n’est pas près de disparaître! La station est également le point idéal pour entrer dans le métro de la ville et explorer certaines de ses stations, chacune présentant un design architectural unique ponctué d’œuvres d’art public spécialement commandées à des artistes québécois. Parmi nos préférées, citons les sculptures en pierre de la station De Castelnau, les vitraux historiques de la station McGill et l’imposante structure spatiale et sculpturale de la station Namur.
On vous lève notre chapeau!
Véritable fleuron de l’histoire de Montréal, le chapelier Henri Henri est un pilier de la rue Sainte-Catherine depuis son ouverture en 1932. Bien que certaines tendances en matière de coiffure aient changé depuis, Henri Henri est demeuré, depuis 90 ans, la référence en matière de chapeaux de luxe à Montréal. Les amateurs et amatrices de sport apprécieront également le lien qui existe entre le magasin et l’époque glorieuse des Canadiens de Montréal. En effet, chaque fois qu’un joueur marquait un tour du chapeau lors d’un match, Henri Henri lui offrait gratuitement un chapeau!
Savourer l’histoire du quartier
L’année 1932 a été marquante en matière d’établissements iconiques montréalais; en effet, c’est cette année-là, en même temps que Henri Henri et l’incontournable Orange Julep, que Wilensky’s Light Lunch a ouvert ses portes au cœur du Mile End. Cet endroit emblématique du quartier se spécialise dans des plats classiques comme les sodas frappés et les karnatzels, mais l’attraction principale reste le Spécial Wilensky — un sandwich à base de pain croustillant garni de salami chaud et de mortadelle avec de la moutarde. En plus, la devanture et le décor n’ont pas changé d’un iota, ce qui en fait un lieu infiniment instagrammable.
De quoi s’amuser rondement (tout en dégustant une poutine)!
Si vous pensiez que la Biosphère (construite pour l’Expo 67 par l’architecte Buckminster Fuller et qui abrite aujourd’hui un musée des sciences) est la seule sphère digne de mention à Montréal, vous vous trompez royalement. Le restaurant Gibeau Orange Julep sert des poutines, des hot-dogs et des juleps (une boisson composée d’un mélange de jus d’orange gelé, de glace broyée et d’une mixture de sucre et de crème) depuis près de 100 ans.
Une ruine vivante qui reprend vie
Justement, en parlant d’Expo 67, cet événement majeur dont on se souvient encore avec émotion comme l’une des expositions internationales les plus réussies au monde et comme un point d’ancrage pour l’architecture et le design modernistes, la Place des Nations du Parc Jean-Drapeau, laissée en ruines depuis des décennies, est en voie d’être restaurée à l’identique! Elle retrouvera ainsi son faste et sa grandeur futuriste d’antan. Ceci dit, il est encore temps, avant qu’elle ne soit entièrement rénovée, de jeter un coup d’œil à l’état actuel du site, blotti au milieu d’une végétation luxuriante et de sentiers envahis par la végétation.
Un motif historique étrange
Construite par les paroissiens et paroissiennes du quartier de la Petite Italie en commémoration de l’apparition de la Vierge Marie à La Difesa, l’église de Notre-Dame-de-la-Défense est à la fois un lieu historique national du Canada et une curiosité vivante pour les amateurs et amatrices d’histoire. En effet, la décoration intérieure de l’église a été composée par le célèbre artiste peintre et maître-verrier italo-québécois Guido Nincheri, surnommé le Michel-Ange de Montréal, et l’une des fresques qu’il a peintes en 1933 montre Benito Mussolini à cheval, parmi quelques-uns de ses acolytes de l’époque.
L’art au fil de l’eau
S’avançant dans les eaux du fleuve Saint-Laurent, le Jardin des sculptures de Lachine constitue un lieu d’excursion d’exception après l’une des plus belles randonnées à vélo de Montréal. Composé de plus de 50 sculptures à grande échelle situées dans un décor à couper le souffle, le Jardin des sculptures met fièrement en valeur la riche histoire de l’art sculptural au Québec, avec des pièces datant des années 1960 et au-delà. Et entre nous, c’est un sacré endroit pour prendre un égoportrait #mtlmoments qui fera tourner les têtes et se multiplier les « J’aime ».
Trouver son groove
Les mélomanes et les collectionneurs qui courent les disquaires de classe mondiale de Montréal devraient s’assurer d’ajouter le Musée des ondes Emile-Berliner, nommé en l’honneur de l’inventeur du disque plat en vinyle, à leur liste d’incontournables. Plus qu’une simple collection de tourne-disques antiques, de radios et d’autres objets de captation, de reproduction et de diffusion des ondes sonores et électromagnétiques, ce musée a aussi un lien avec la région : Berliner a fondé la Berliner Gram-o-phone Company of Canada à Montréal en 1899.
Place à la physique!
Nichées sur le campus de l’Université McGill, la collection Rutherford et sa voisine, la collection McPherson, mettent en lumière une période fondatrice de l’exploration scientifique québécoise. La première porte le nom d’Ernest Rutherford, professeur de physique expérimentale et lauréat du prix Nobel ayant enseigné à McGill de 1898 à 1907, et abrite les outils de recherche primitifs et bizarres qu’il utilisait. La seconde rend hommage à Anna McPherson, qui a rassemblé une foule d’objets bizarres et incroyablement rares pendant qu’elle enseignait à McGill, de 1940 à 1979. (Ceux et celles qui souhaitent en voir plus ne manqueront pas de visiter la bibliothèque Osler d’histoire de la médecine, qui se trouve également sur le campus de McGill. Derrière d’imposants vitraux, la bibliothèque Osler abrite l’une des plus grandes collections au monde de textes médicaux et de documents historiques on ne peut plus bizarres.)
Un autre morceau du Mur
Le segment ciselé et peint à la bombe du Mur de Berlin dans le Centre de commerce mondial de Montréal (lui-même une merveille architecturale construite sur les vestiges fantômes d’une rue aujourd’hui recouverte) a été offert par la ville de Berlin à Montréal à l’occasion de son 350e anniversaire. Ce morceau d’histoire, qui n’est que l’une des nombreuses installations artistiques réparties dans l’ensemble du bâtiment, rend un hommage attentionné à la fierté civique.
Une créativité locale débridée
Entamé en 1999 par l’artiste Glen Le Mesurier, le Jardin du crépuscule est une oasis de créativité en constante évolution. Sis à l’angle de l’avenue Van-Horne et de la rue Saint-Urbain, sur le site d’une ancienne station-service qui a longtemps été un terrain vague après sa démolition, il doit son nom au fait qu’il a été bâti sous le couvert de l’anonymat par Le Mesurier et ses acolytes. Aujourd’hui, il abrite plusieurs de ses œuvres ainsi que des abeilles pollinisatrices et des plantes soigneusement sélectionnées. Il s’agit non seulement d’un endroit idéal pour une séance de photos ou un moment de repos, mais aussi d’un exemple vivant de la joie de vivre montréalaise qui consiste à faire de l’art pour l’art, partout où il y a de l’espace.
L’endroit idéal pour une grève
Depuis son ouverture en 1902, le club de boulingrin et croquet de Westmount accueille les meilleurs boulistes du Québec sur sa pelouse qui figure parmi les plus vertes et les mieux entretenues qui soient. Après votre partie matinale (n’oubliez pas d’emporter des chaussures blanches), nous vous suggérons de vous balader tranquillement dans Westmount, qui regorge de vieilles maisons à admirer et de boutiques uniques.
Explorer les tréfonds de Montréal
Si vous cherchez à explorer les profondeurs de Montréal, ne cherchez pas plus loin que la caverne de Saint-Léonard, découverte en 1812 par un fermier perplexe qui possédait le terrain, mais maintenant située dans le parc Pie XII du quartier Saint-Léonard. Ouverte aux visiteurs et visiteuses sur réservation uniquement, vous découvrirez la ville sous un tout nouvel angle, en plus d’en apprendre plus sur l’histoire géologique qui a donné naissance à l’île de Montréal. Si vous arrivez du boulingrin, ceci dit, mieux vaut vous changer : des vêtements chauds et de rechange, avec de bonnes bottes, sont de rigueur.
Mark Hamilton
Mark Hamilton est gestionnaire de communauté pour QueerMTL et un musicien qui voyage partout dans le monde grâce à ses projets Woodpigeon et Frontperson. Également étudiant des cycles supérieurs en histoire, il mène des recherches sur l’activisme LGBTQ+ dans la métropole. Résident de Montréal depuis 2015, on le retrouve le plus souvent en route sur un vélo BIXI, avec quelques minutes de retard.