Le Montréal d’Oscar Peterson
Fils d’un porteur de bagages ferroviaire et d’une domestique, Oscar Peterson a grandi dans La Petite-Bourgogne, un quartier ayant reçu le titre de « Harlem du Nord » qui était, à l’époque de Montréal ville du vice, un haut lieu de la planète jazz. « J’ai appris grâce à tout le jazz qui était joué à Montréal à l’époque. Il y avait de très bons musiciens », a raconté le pianiste de son vivant.
La première personne qui lui a enseigné le piano est sa sœur Daisy Peterson Sweeney, une professeure reconnue dans la communauté noire de Montréal qui comptait aussi une autre légende jazz de Montréal parmi ses étudiants : Oliver Jones.
Oscar Peterson a remporté huit Grammys, y compris un prix pour l’ensemble de sa carrière. Sa pièce de 1962 Hymn to Freedom est devenue un chant de ralliement pour le mouvement des droits civiques en Amérique. Il a été nommé Compagnon de l’Ordre du Canada en 1984 et, en 2005, est devenu le premier Canadien toujours vivant à être immortalisé sur un timbre.
Voici quelques lieux montréalais qui rappellent la mémoire d’Oscar Peterson.
En mémoire d’Oscar
En août 2021, la Ville de Montréal a dévoilé les plans de la place Oscar-Peterson, un vaste espace public qui sera créé dans le cadre du réaménagement de l’avenue McGill College, au centre-ville. La place s’étendra entre la rue Sainte-Catherine et le boulevard de Maisonneuve et comprendra une statue de Peterson et d’autres installations artistiques célébrant sa vie et son œuvre.
« Pendant plus de 60 ans, Oscar Peterson a joué partout dans le monde. Il a inspiré des générations de musiciens de Montréal, a indiqué la mairesse Valérie Plante aux journalistes. Même s’il a connu un succès international, Oscar Peterson est demeuré très attaché à Montréal et a composé plusieurs pièces à propos de sa ville, y compris Place St. Henri, un de ses classiques. »
La veuve d’Oscar Peterson, Kelly Peterson, a souligné que Montréal « ne lui a pas donné son talent, bien sûr, mais que ses influences l’ont inspiré toute sa vie. Il était très fier d’être né à Montréal, d’avoir grandi ici, d’y revenir pour jouer au Festival international de jazz de Montréal. »
Les travaux de la place Oscar-Peterson doivent débuter en 2023 et la mairesse espère qu’ils seront complétés à temps pour le 100e anniversaire de naissance du jazzman, en 2025.
Des attraits « oscarisés »
Bien que La Petite-Bourgogne fût jadis l’épicentre de la scène jazz de Montréal, c’est à l’Alberta Lounge, au centre-ville, au coin des rues de la Gauchetière et Peel, que Peterson a effectué une résidence en 1947. Y trône aujourd’hui l’hôtel Château Champlain. Le musicien a été découvert par le légendaire impresario jazz américain Norman Granz, en 1949, et a fait ses premiers pas aux États-Unis au Carnegie Hall la même année.
Dans sa jeunesse, dans La Petite-Bourgogne, Peterson fréquentait l’historique église Union United (3007, rue Delisle), fondée en 1907 par des porteurs de valises noirs et leurs épouses. Aujourd’hui, un parc de La Petit-Bourgogne à quelques rues de l’église a été renommé en l’honneur d’Oscar Peterson.
Le quartier compte aussi deux grandes murales dignes de mention : l’œuvre Jazz Born Here de l’artiste Gene Pendon dépeint Oscar au coin des rues Saint-Jacques et des Seigneurs, alors que l’Hommage à Daisy Peterson Sweeney de l’artiste Kevin Ledo s’impose à l’angle des rues Saint-Jacques et Saint-Martin.
En plus d’avoir enseigné le piano à des milliers d’enfants (dont son frère Oscar), Daisy Peterson Sweeney a cofondé en 1974 la Montréal Black Community Youth Choir à l’église Union United. Le chœur est devenu en 1982 le célèbre Montréal Jubilation Gospel Choir sous la direction de Dr Trevor Payne.