Montréal, vice-reine du disco

Richard Burnett

Richard « Bugs » Burnett est un auteur, rédacteur, journaliste, blogueur et chroniqueur canadien. Il écrit pour des hebdomadaires indépendants ainsi que des publications grand public et LGBTQ+. De plus, Bugs connaît Montréal comme une drag queen connaît les produits de beauté.

Montréal a vu naître plusieurs vedettes du disco dans les années 1970, portées par la discothèque-épicentre du genre, le célèbre Lime Light, fondé par Yvon Lafrance en septembre 1973. Installée au centre-ville, rue Stanley, la légendaire boîte de nuit qui rivalisait avec le Studio 54 de New York a permis à Montréal de décrocher le titre de vice-reine du disco.

Les origines du disco montréalais

Plusieurs avancent que La Licorne, qui a ouvert ses portes en 1963 à Montréal, serait la toute première discothèque en Amérique du Nord. Dans les années 1970, on se met à employer l’abréviation « disco » pour décrire des boîtes comme le Lime Light.

Le disco s’impose rapidement comme genre musical, populaire dans les boîtes de nuit noires, latinos et gaies au début de la décennie 1970. Le disco devient même la trame sonore de la libération gaie.

À Montréal, à la suite du boum culturel et cosmopolite créé par Expo 67 et pendant l’ère politique et social trouble des années 1970 (entre les actions du Front de libération du Québec et les descentes policières dans les établissements LGBTQ du centre-ville), la musique disco, joyeuse, arrive comme une bouffée d’air frais.

En 1979, le magazine Billboard auréole Montréal en proclamant la ville deuxième marché disco d’Amérique du Nord, après New York. Les 50 boîtes de nuit dansantes de la métropole – y compris le Regine’s, le 1234 (qui a accueilli les plus grands comme Grace Jones et Village People) et le Lime Light – permettent le foisonnement d’une scène locale, d’artistes, de disques et de remixes de tubes connus.

 

The Godfather of Montréal Disco

Robert Ouimet a été le DJ principal du Lime Light de 1973 à 1981.

Ouimet, qui était toujours à la recherche de nouveaux sons, a contribué au succès de plusieurs titres en Amérique du Nord, y compris le très populaire I Feel Love de Donna Summer. « J’allais à New York très souvent la semaine. Et je travaillais à Montréal les week-ends », se souvient-il.

En 1976, Ouimet est désigné meilleur DJ nord-américain par le magazine Rolling Stone et est couronné meilleur DJ de l’année par Billboard en 1977.

Ouimet affirme que le platinisme était un art. « Le disco était parfait, puisqu’il y avait des chansons au tempo lent, moyen ou rapide. Je débutais la soirée à 90 battements par minute, puis je terminais à 135-140. On ne voit plus ça aujourd’hui. »

Le très influent DJ est vu comme le parrain du disco de Montréal.

 

La reine montréalaise du disco

France Joli, reine montréalaise du disco, est devenue populaire du jour au lendemain à l’âge de 16 ans. Le 7 juillet 1979, elle a participé à un festival de Fire Island connu sous le nom de Beach ’79 devant quelque 5000 gais.

Donna Summer a dû annuler sa présence à la dernière minute. France Joli a pris le relais et a entonné la chanson du producteur montréalais Tony Green Come to Me. Le même titre devait atteindre la 15e place du palmarès Hot 100 de Billboard et la première place du palmarès Disco. La chanson est encore connue comme « le classique dansant de Fire Island » et l’artiste continue de se produire dans des spectacles disco et des festivals LGBTQ+ partout en Amérique du Nord.

 

Le son du disco de Montréal

France Joli n’a pas été le seul produit de la scène florissante du disco de Montréal. Des étiquettes locales ont recruté, endisqué et propulsé de nombreux artistes d’ici.

Parmi le lot, notons Lime, Boule Noire, Patsy Gallant, Martin Stevens, Geraldine Hunt et son fils Freddie James, Pierre Perpall, Toulouse, Gino Soccio et la diva Alma Faye Brooks, qui a été recrutée par Casablanca Records, maison derrière Cher, Donna Summer et Village People. 

 

Le Lime Light

Le Lime Light a été une bougie d’allumage pour la scène disco montréalaise. L’endroit attirait les grandes vedettes bien avant l’ouverture du Studio 54 et comptait parmi les lieux favoris des délégations internationales lors des Jeux olympiques d’été de 1976.

Ainsi, le Lime Light a accueilli au fil des ans Alice Cooper, Rick James, Freddie Mercury, Kraftwerk, Elton John, David Bowie et Iggy Pop. S’y sont produits, entre autres, Gloria Gaynor, Grace Jones (très souvent, avant que sa carrière n’explose), The Ritchie Family, Donna Summer, The Trammps, James Brown (qui a tenu l’affiche pendant cinq jours en mai 1977, donnant deux spectacles chaque soir) et France Joli.

« Le Lime Light était bien mieux encore que Studio 54, raconte Robert Ouimet. Surtout parce que c’était un endroit amusant et accueillant pour tous – hommes, femmes, Noirs, Blancs, hétéros et gais. »

 

L’héritage du disco de Montréal

Le mouvement « Disco Sucks » a peut-être eu raison de plusieurs discothèques en Amérique du Nord, mais la musique dansante n’a jamais perdu de souffle à Montréal.

Le populaire film Funkytown (2011) s’inspirait du Lime Light (rebaptisé Starlight dans le long métrage), le festival de musique Disco Capitale accueille chaque année des artistes et des DJ sur la rue Crescent, au centre-ville de Montréal, et Robert Ouimet est derrière ses tables tournantes chaque été au Mundo Disko de Fierté Montréal.

Après le départ d’Yvon Lafrance en mars 1983, le Lime Light a fermé ses portes. Mais aujourd’hui, une autre boîte de nuit et repaire de la ville, le Stereo, poursuit la tradition montréalaise du DJ et de la piste de danse instaurée par la discothèque.

Écoutez notre liste de lecture de disco montréalais.

 

Richard Burnett

Richard « Bugs » Burnett est un auteur, rédacteur, journaliste, blogueur et chroniqueur canadien. Il écrit pour des hebdomadaires indépendants ainsi que des publications grand public et LGBTQ+. De plus, Bugs connaît Montréal comme une drag queen connaît les produits de beauté.

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