Comment définiriez-vous l’ambiance de Montréal?
Décontractée. Montréal est une petite ville sans pression, ce que je trouve très bien. On peut y relaxer et prendre le temps de boire un café. C’est certain qu’être tout le temps dans le Mile End m’aide à ressentir cette ambiance (rire). Au-delà de ça, c’est une ville où l’on sent les deux cultures francophone et anglophone. Je trouve que le bilinguisme de Montréal apporte beaucoup de richesse et de dynamisme. Deux cultures et deux langues, ça ne peut être qu’un avantage.
© Arseni Khamzin
Comment voyez-vous le style du design montréalais?
À l’image de l’énergie de Montréal, je dirais que son design est lui aussi décontracté, avec un côté un peu artisanal. Il y a cependant des figures du design comme Lambert & Fils qui ont réussi à se tailler une niche et à rayonner à l’international. Je trouve ça très encourageant et ça m’inspire beaucoup de respect. Personnellement, je trouve le secteur de la restauration hyper dynamique. Les restos qui fonctionnent bien selon moi adoptent ce style décontracté, pas guindé et classique. Je pense notamment au Nora Gray, ou encore à Joe Beef qui sont imbattables en termes de cuisine et d’approche. Il y a vraiment quelque chose à l’opposé de la prétention dans ces établissements, une vraie forme de sincérité. En tant que designer, on a des réflexes, mais j’ai toujours essayé d’éviter d’avoir un style fort en travaillant davantage avec la personnalité de mes clients. En collaboration totale en fait. J’aime pouvoir proposer quelque chose de pertinent dans la vie des gens, raconter une histoire avec le design et leur histoire personnelle.
Quel est le lieu, l’institution ou la construction qui évoque le plus votre vision du Montréal design?
Il y a le Montréal avant et après Expo 67. Il y a Habitat 67 bien sûr qui évoque une époque charnière pour la ville. C’est un de ses éléments les plus iconiques. Mais le lieu le plus important pour moi, c’est le mont Royal, aménagé par Frederick Law Olmsted, également paysagiste du Central Park à New York. Il lie toute la ville d’est en ouest et c’est un privilège d’avoir une forêt en plein centre-ville quand on y pense. J’y vais très souvent, pour courir notamment. Les parcs, de façon générale, sont les lieux les plus civilisés parce qu’ils sont accessibles à tous.
Quelle est la création montréalaise que vous trouvez vraiment inspirante?
C’est une question difficile. Je pense à la musique, bien sûr, et à la quantité d’événements qu’offre Montréal. Mais à choisir, je dirais la gastronomie montréalaise, qui fait partie de la création au même titre que le design. C’est la même recherche d’équilibre et de dosage. À Montréal, on se dépasse constamment. En 15 ans, l’évolution en termes de bouffe, de vin et de design a été telle qu’elle se traduit aujourd’hui par une offre vraiment intéressante appréciée par de plus en plus de gens éduqués et passionnés.
Pourquoi est-ce important pour vous de soutenir le design local?
Pour moi, il n’y a pas de meilleur modèle économique que celui du petit entrepreneur. Soutenir le design local, c’est le protéger lui et la valeur de son travail.
En quoi diriez-vous que votre style est typiquement montréalais?
Je suis Montréalais et je travaille avec des Montréalais.
Comment Montréal inspire-t-elle votre travail et votre expression créatrice?
Le bilinguisme et le mélange de nos cultures francophone et anglophone m’inspirent beaucoup. C’est un avantage certain au niveau de la création et des échanges. Et puis, Montréal est accessible à tous les points de vue, ce qui en fait une ville parfaite pour l’expression créative.
© Sarah Babineau - Kara Bino
Où peut-on vous trouver à Montréal pour prendre un café?
Chez Olive et gourmando, au Parvis, au Café Olimpico, au Club Social ou encore au Boxermans, à côté du bureau. Pour des raisons de proximité, mais également parce que je m’y sens bien et que je les aime.
© Eva Blue
Pour souper?
Joe Beef, Vin Papillon, Foxy, Montréal Plaza. C’est bon et beau. J’adore aussi la gang du Filet, du Serpent et du Club Chasse et Pêche. Très sexy. Quand j’ai des amis ou des clients qui viennent en ville, tu peux être sûr que c’est là que je les envoie!
© David Dworkind
Pour boire un verre?
La Buvette chez Simone. C’est un projet sur lequel j’ai travaillé et avec lequel j’ai validé beaucoup d’idées. Je le considère un peu comme le salon du Mile End. Je pense aussi au Furco, au Loïc, au Vin Papillon, au Royal…
© Les amis de la montagne
Pour flâner?
Le mont Royal.
© Dilek Ayman Rodrigue
Quel est votre quartier préféré?
Le Mile End. Mais j’aime en sortir et aller dans la Petite Italie ou dans Villeray. La Plaza a également un immense potentiel. J’aime tous les quartiers dynamiques de Montréal en fait.
Quel est votre endroit secret favori? Celui que vous gardez pour les intimes, mais que vous acceptez quand même de partager avec nous?
Ce qu’il y a de formidable à Montréal ce sont ses ruelles. C’est génial de s’y balader. J’aime bien aussi les vieux bars trash comme le bar Beaubien par exemple, découvert lors d’un concert POP Montréal.
© Centre Canadien d'Architecture, Alain Laforest
Un de vos amis passionné de design vient à Montréal, où l’envoyez-vous?
Au Centre canadien d’architecture. C’est une institution unique de calibre international où les expos sont bien faites. Le Centre Phi et la DHC/ART valent également le détour. Ce sont de petites institutions, mais elles sont très proactives.
Ce billet a été présenté en collaboration avec Souk@SAT, fervent défenseur du design montréalais.
Laure Juilliard
Laure Juilliard brode avec les mots depuis plus de 10 ans. Rédactrice spécialisée en style de vie, tourisme, voyage et alimentation, elle écrit autant pour les médias, que pour les entreprises, les agences, les indépendants ou les associations. Toujours en quête de concepts innovants et de bonnes adresses, elle prépare aussi constamment son prochain voyage.