Le Montréal design vu par Samuel Lambert

Laure Juilliard

 

Laure Juilliard brode avec les mots depuis plus de 10 ans. Rédactrice spécialisée en style de vie, tourisme, voyage et alimentation, elle écrit autant pour les médias, que pour les entreprises, les agences, les indépendants ou les associations. Toujours en quête de concepts innovants et de bonnes adresses, elle prépare aussi constamment son prochain voyage.

Samuel Lambert a fondé Lambert et Fils en 2010, un studio collaboratif de création de luminaires internationalement reconnu. Ses objets lumineux au design singulier et parfaitement épuré mettent en valeur des matières telles que le laiton, l’aluminium, le marbre ou encore le verre. Des œuvres à la fois très actuelles et empreintes d’une certaine nostalgie, inspirées de l’ère industrielle et du modernisme. Originaire de North Hatley dans les Cantons-de-l’Est et Montréalais depuis 35 ans, ce passionné de la matière qui confie avoir toujours été fasciné par la mécanique et les processus d’assemblage — « comme une œuvre à livre ouvert » — nous dévoile son Montréal design, ses inspirations et ses lieux iconiques. Rencontre avec un homme sensible, humble et très talentueux.

Comment définiriez-vous l’ambiance de Montréal ?

Une adolescente en crise existentielle. On dirait que Montréal se cherche perpétuellement. Ça peut être considéré comme un défaut, mais moi je trouve que c’est une qualité.

Comment voyez-vous le style du design montréalais ?

Postindustriel, punk, mais en même temps à définir.

Quel est le lieu, l’institution ou la construction qui évoque le plus votre Montréal design?

Les stations de métro. Elles symbolisent le patchwork qu’est Montréal, et la libération culturelle et identitaire des années 60 et 70 au Québec. Chaque station a sa personnalité, comme un parcours aux multiples identités.

Quelle est la création montréalaise que vous trouvez vraiment inspirante?

Le restaurant l’Express créé par l’architecte Luc Laporte, dont le travail reflète pour moi une forme de nostalgie de l’ère industrielle. L’Express, c’est une réinterprétation du bistro français dans un esprit montréalais, avec une personnalité bien affirmée propre à l’architecte. Il y a aussi ces hymnes à l’ère industrielle que sont le pont Jacques-Cartier ou le Silo à grain no 5 du Vieux-Port.

Pourquoi est-ce important pour vous de soutenir le design local ?

Parce que c’est une question de survie et d’intégrité. J’y crois vraiment

En quoi diriez-vous que votre style est typiquement montréalais ?

Au début, j’étais un peu timide. Je m’inspirais de ce qui existait en me référant aux années 60, un peu par nostalgie, comme une forme de citation. Maintenant, à l’atelier, on est dans l’affirmation, on veut être de notre temps et avoir notre signature. Pour moi, ça passe par la matière et la simplicité des processus d’assemblage qui sont deux choses qui m’ont toujours fasciné. On va à l’essentiel et on privilégie l’esthétisme avec plus de liberté et moins d’artifices. J’ai toujours été très intéressé par la construction des objets. Ça me passionne, peut-être avant même le design, de comprendre comment les choses sont faites. Le style de Lambert et Fils vient aussi évidemment de mon équipe qui est jeune, rigoureuse et créative. Très montréalaise.

Comment Montréal inspire votre travail et votre expression créative ?

Montréal est une ville où il fait bon vivre. Elle fait place à l’initiative et attire les jeunes créateurs de partout dans le monde. Tout est possible !

Où peut-on vous trouver à Montréal pour…

Prendre un café ?

Mon premier commerce et atelier se situait sur la rue Beaubien. À l’époque, j’allais beaucoup au Vieux Vélo. Puis un jeune couple typiquement montréalais, venu de Victoria et du Nouveau-Brunswick, a ouvert le Café Odessa. C’est devenu naturel pour moi d’aller y prendre un café et je m’y suis ensuite un peu investi en éclairant l’espace.

Souper ?

Le Marconi, à côté de chez moi. J’ai toujours une table, que je sois seul ou accompagné. C’est très bon, haut de gamme sans être prétentieux.

Boire un verre ?

Par facilité, je vais souvent à la Brasserie Harricana à côté de notre ancien atelier. C’était un bon point de rassemblement pour l’équipe. J’aime l’ambiance et j’ai également participé à la mise en lumière de l’espace.

Magasiner ?

La boutique Archive à côté de chez moi sur la rue Villeray. Elle a été ouverte par un autre jeune couple d’entrepreneurs dynamiques qui font les choses pour les bonnes raisons. Ils vendent des planches de surf entre autres. Ça ne m’intéresse pas beaucoup, mais de les voir passionnés de cet objet me touche. Ils devraient aussi avoir bientôt l’une de nos lampes !

Flâner ?

Le parc Jarry, face à l’étang. C’est une intersection super intéressante d’un autre Montréal industriel où se rejoignent Parc-Extension, le Mile-Ex et un Villeray embourgeoisé. J’ai appris à l’aimer, je le trouve bien pensé avec un parcours assez naturel. C’est également notre cafétéria l’été, car nos bureaux sont situés juste en face, et j’adore voir mes enfants évoluer dedans, c’est merveilleux.

Quel est votre quartier préféré ?

Villeray pour la dimension familiale. C’est un quartier qui cohabite avec Parc-Ex, la Petite Italie et le Mile-Ex, on y trouve un peu de tout. C’est aussi là que j’habite et que je travaille.

Quel est votre endroit secret favori ? Celui que vous gardez pour les intimes, mais que vous acceptez quand même de partager avec nous ?

Je suis émerveillé par les foyers de la salle Wilfrid-Pelletier. J’adore ces mezzanines, ces bars et ces espaces cachés, intégrés au design de l’espace. On y retrouve par exemple le Bar Pellan et son vitrail hallucinant, nommé en l’honneur d’Alfred Pellan qui était un artiste en arts visuels des années 50-60. Il y règne une certaine nostalgie.

Un de vos amis passionné de design vient à Montréal. Où l’envoyez-vous?

Je lui dis de prendre le métro et de faire attention aux détails des stations. Tout se passe dans les détails pour moi. Je ne prends pas beaucoup le métro personnellement, mais je le redécouvre à chaque fois comme un musée. Je l’enverrai aussi faire du vélo sur le boulevard Gouin et sur la piste cyclable du Canal-de-Lachine.

Laure Juilliard

 

Laure Juilliard brode avec les mots depuis plus de 10 ans. Rédactrice spécialisée en style de vie, tourisme, voyage et alimentation, elle écrit autant pour les médias, que pour les entreprises, les agences, les indépendants ou les associations. Toujours en quête de concepts innovants et de bonnes adresses, elle prépare aussi constamment son prochain voyage.

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