Le Montréal design vu par Ethan Song
En tant que moitié de la marque de vêtements montréalaise Frank & Oak, Ethan Song vit et respire la mode et le design. Avec son partenaire Hicham Ratnani, il a changé le visage de la vente en ligne tout en contribuant à apporter du style dans la vie d’une nouvelle génération d’hommes (nous en sommes éternellement reconnaissants) et, plus récemment, de femmes. Dans le but de développer la portée internationale de Frank & Oak, Ethan voyage beaucoup ces temps-ci, mais ce n’est rien de nouveau pour ce citoyen du monde. Originaire de Tianjin en Chine, il a habité plusieurs endroits, y compris Vancouver, mais revient sans cesse à Montréal. « Si j’additionne toutes mes années, j’ai probablement été 20 ans à Montréal », dit-il. Qui, mieux que lui, peut nous parler du design montréalais?
Comment décririez-vous le sens du design montréalais?
Le sens du design montréalais est assez éclectique parce qu’il est défini par les gens d’ici. Il y a une osmose entre les différents secteurs de l’industrie, entre la technologie et la création artistique, entre le design brut et une certaine sophistication.
Pourquoi est-ce important pour vous de soutenir le design local?
Tout d’abord, je pense qu’il est important de soutenir les jeunes designers parce que vous ne pouvez pas accomplir de grandes choses avec rien. Ça prend du temps et de l’encouragement; il y a un risque intrinsèque dans le design, le risque d’un échec. Nous devons encourager les designers et les entrepreneurs à prendre plus de risques pour accomplir de grandes choses. Je pense aussi que le soutien ne doit pas être que financier, il consiste aussi à aller voir et encourager les gens à expérimenter, et à ne pas porter de jugement en cas d’échec.
De quelle façon diriez-vous que votre style est typiquement montréalais?
Je pense que la principale caractéristique de Montréal réside dans cette façon d’être, insouciante et décontractée tout en étant sélective. Certains diront que c’est le mélange des cultures européenne et américaine, je ne sais pas si c’est vrai, mais ce que je sais, c’est que mon style personnel reflète cette attitude nonchalante et décontractée face aux choses. Je ne sais pas si visuellement, il existe un style montréalais, mais je pense que notre style est animé d’un certain état d’esprit. Vous n’avez pas à porter le même style parce que vous venez de la même place.
Comment Montréal influence-t-elle votre travail et votre expression créatrice?
Chez Frank & Oak, nous sommes vraiment orientés sur les objectifs, en ce sens que nous pensons d’abord au client, alors une façon de trouver mon inspiration, c’est de m’assoir dans les cafés et de regarder les gens, de m’inspirer du monde réel plutôt que de l’imagination. Ce qui fait que c’est très important pour moi de me retrouver dans un contexte où se trouvent les clients. C’est pourquoi notre bureau est situé dans le Mile End, je ne déménagerais jamais mon bureau en banlieue ou dans un lieu perdu parce que nous devons avoir accès aux gens.
Quel est votre quartier préféré?
Le Mile End et le Mile-Ex. C’est là que je vis et je pense que c’est un quartier vraiment unique : c’est à la fois un endroit idéal pour travailler et un endroit idéal où vivre, y compris pour élever une jeune famille. Je vois que cet équilibre entre le travail et la vie dans un même environnement, c’est ce vers quoi tendent plusieurs quartiers et je crois que nous y sommes parvenus ici.
Pour dîner?
Il y en a tellement maintenant! Je suis allé récemment au Tiradito, un restaurant péruvien au centre-ville, c’était très bon.
Quand vous avez envie de faire du magasinage?
Je ne fais pas beaucoup de magasinage en ville, je dois dire, mais Ibiki sur Saint-Laurent. J’aime marcher sur Saint-Laurent et dans ce genre de quartier, j’aime ce mélange d’objets de designers parmi des magasins ordinaires et des friperies. C’est ce genre d’expérience de magasinage éclectique que je trouve intéressant.
Pour passer le temps?
J’aime les découvertes. Il y a beaucoup de quartiers à Montréal que nous ne fréquentons pas assez, j’aime me promener dans ces quartiers, j’aime me promener sur Jean-Talon au-delà du marché. J’adore la nourriture pakistanaise. J’ai aussi découvert la rue Jarry que je trouve très intéressante et ça me plaît de voir des jeunes ouvrir des boutiques et des cafés dans ce quartier. Le Mile End est assez touristique maintenant alors que ces endroits gardent encore leur couleur locale. Je suis vraiment attiré par la diversité. Pas seulement entre femmes, hommes, immigrants, mais plutôt entre les personnes elles-mêmes, leurs différences en âge et en tout.
Parlez-nous d’un coin secret que vous allez regretter d’avoir partagé avec nous.
Sana, sur Jarry. C’est un restaurant pakistanais dans Parc-Ex où je vais souvent.
Vous avez un ami obsédé par le design qui vient à Montréal, où l’envoyez-vous?
Je pense que le Vieux-Montréal est toujours un incontournable. Les boutiques, l’architecture, ce mélange d’ancien et de nouveau, il faut y aller. J’aime ces endroits comme l’Hôtel William Grey qui investissent dans le Vieux-Montréal. C’est un quartier qui donne à Montréal son visage.
Ce billet a été présenté en collaboration avec Souk@SAT, fervent défenseur du design montréalais.
Isa Tousignant
Isa Tousignant est une rédactrice et une éditrice de Montréal qui, grâce à sa curiosité exagérée, a discuté de philosophie de vie avec des chefs célèbres, des gemmologues, des musiciens de renommée et des furrys. (Toutes des conversations marquantes.) Elle passe son temps libre à concevoir des bijoux et à rire avec (ou de?) son chum.