Le Montréal Design vu par Dyan Solomon

Isa Tousignant

Isa Tousignant est une rédactrice et une conteuse montréalaise dont la curiosité est plus profonde que la plupart des gens. Elle a discuté de philosophie de vie avec des chefs cuisiniers célèbres, des gemmologues, des rockeurs de l'arène et des animaux à fourrure. Tous ont été transformateurs. 

Si vous ne connaissez pas son nom, vous connaîtrez sûrement ses saveurs. Dyan Solomon, cheffe et propriétaire du plus célèbre café-restaurant du Vieux-Montréal, Olive et Gourmando, est venue à Montréal de Kingston, Ontario, pour étudier à McGill à l’âge de 18 ans et elle n’est plus jamais repartie. Passionnée de style, elle connaît le design de bout en bout, il suffit de voir l’ambiance de son dernier bijou, le restaurant grill Foxy à Griffintown, ouvert il y deux ans. Nous nous sommes mis à table pour découvrir de l’intérieur ses secrets et impressions sur la scène du design à Montréal et quelques-uns de ses incontournables.

Comment définiriez-vous le sens du design montréalais?

Vraiment unique. Les Montréalais sont très créatifs. Montréal est une ville où le coût de la vie est abordable, ce qui attire ici une foule de gens intéressants et nous permet de côtoyer tous ces gens qui ont tant à offrir. Je ne pense pas vraiment à Montréal comme étant la plus belle ville qui soit en termes d’architecture; on y trouve de beaux éléments, mais ce n’est pas cela qui vous frappe. C’est plutôt tout ce qui compose le design dans son ensemble que je trouve intéressant : les artistes, la mode, le design d’intérieur, tout ce que vous pouvez imaginer.

Pourquoi est-ce important pour vous de soutenir le design local?

Parce que si vous aimez vraiment votre ville, vous voulez bien encourager les gens qui essaient des choses ici. En tant qu’entrepreneure, j’ai beaucoup d’empathie pour quelqu’un qui tente sa chance et essaie de faire quelque chose. Ce n’est pas facile et je pense que nous avons l’obligation de reconnaître et de soutenir cela, surtout à l’ère des grandes surfaces.

De quelle façon diriez-vous que votre style est typiquement montréalais?

Je pense que ce qui me rend typique, c’est que Montréal n’est pas obsédée par les étiquettes, en ce sens, par exemple, que ce n’est pas votre revenu qui détermine votre façon de voir. Les gens ici sont plutôt pour la créativité et le style — ils s’habillent avec beaucoup d’audace, ce que je trouve vraiment amusant. Vous entendrez des gens à Toronto dire : « Oh, je ne pourrais pas aller au travail habillé comme ça ». On entendrait rarement cela de la bouche d’un Montréalais. Les Montréalais portent à peu près tout ce qui leur plaît; ils prennent des risques et sont très avant-gardistes.

Comment Montréal influence votre travail et votre expression créatrice?

De plusieurs façons. J’ai toujours dit que les gens qui restent à Montréal sont faits forts — il y a beaucoup de choses qui jouent contre vous si vous êtes un anglophone venu d’ailleurs. D’une certaine façon, c’est un peu comme des pionniers — les gens qui restent à Montréal choisissent de rester et ont la force de créer des choses intéressantes. Vous pouvez faire une analogie avec le vin : les vignes qui donnent le meilleur vin sont celles qui luttent. Nous devons nous battre un peu et cela nous rend meilleurs, plus forts, plus intelligents, plus empathiques.

Quel est votre quartier préféré?

J’en ai deux. Le Mile End, même s’il est devenu un peu cliché, est toujours un quartier magique. La diversité est impressionnante, toutes sortes de gens y vivent ensemble : riches, pauvres, Portugais, juifs hassidiques, étudiants de McGill, Français, Anglais — c’est un quartier très mixte et il représente très bien ce qu’est Montréal à son meilleur. Et il y a beaucoup de petits endroits sympas, de jeunes entrepreneurs, des gens qui essaient des choses et c’est ça que j’aime aussi. Mon autre quartier préféré est le Vieux-Montréal. J’y suis venue il y a 20 ans pour ouvrir Olive, et c’était un quartier mort — nous étions les seuls sur notre bout de rue. Les gens nous ont dit que nous étions fous d’avoir ouvert là, mais pour moi, ça a toujours été pour l’architecture. Comment se peut-il que nous ne soyons pas tous prêts à mourir pour vivre ici? Je veux dire maintenant que nous y sommes, mais cela a pris beau...coup de temps. J’ai un amour profond pour ce quartier.

Où allez-vous à Montréal pour prendre un café?

Ça varie beaucoup — pour un pur pur café, j’aime beaucoup le Pikolo. Pour un café nouveau, je suis amoureuse du Butterblume.

Pour dîner?

Un de mes favoris est vraiment le Nora Gray. Ce sont de vieux amis, la nourriture est bonne et simple et le lieu très intime. J’aime l’éclairage. Je me sens bien là.

Pour prendre un verre?

Deux endroits où je reviens toujours : le Pullman et la Buvette Chez Simone. Ce sont deux grandes institutions. 

Quand vous avez envie de faire du magasinage?

Maintenant, le Vieux-Montréal est vraiment génial, cher parce que vous trouvez beaucoup de vêtements haut de gamme, mais joliment aménagé. Si je me sens très riche, c’est Cahier d’Exercises, ils ont un œil incroyable. J’aime bien aussi, À table tout le monde, pour une très belle poterie. Autrement je me retrouve souvent dans le Mile End où il y a Les Étoffes et toutes les boutiques sympas sur Saint-Laurent. J’ai tendance à aller partout en ville, chez TNT pour une chose ou chez Holt Renfrew pour profiter des soldes à la fin de l’été — incroyables!

Parlez-nous d’un endroit caché que vous allez regretter de partager avec nous.

Il y a un bar qui s’appelle Loïc — il n’est pas si caché, mais un peu quand même, tout au bout de Saint-Henri. C’est dans une ancienne banque, un beau bâtiment, vraiment chouette. La nourriture est leur point fort selon moi — on propose de beaux cocktails et une bonne petite carte des vins, mais la nourriture est incroyable.

Vous avez un ami obsédé par le design qui vient à Montréal, où l’envoyez-vous?

Au Centre Phi. Étonnant de penser que c’est l’un des premiers vrais bâtiments verts de cette envergure — certifié LEED en plus d’être un espace très intéressant. On y présente des événements gourmands pop-up, des concerts, des mini-festivals de films, des artistes invités... une foule d’activités.

Ce billet a été présenté en collaboration avec Souk@SAT, fervent défenseur du design montréalais.

Isa Tousignant

Isa Tousignant est une rédactrice et une conteuse montréalaise dont la curiosité est plus profonde que la plupart des gens. Elle a discuté de philosophie de vie avec des chefs cuisiniers célèbres, des gemmologues, des rockeurs de l'arène et des animaux à fourrure. Tous ont été transformateurs. 

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